Enfin, après plus de deux mois de navigation et de souffrances, le navire négrier accoste aux Antilles, des îles situées au large de l’Amérique. La vente des esclaves peut commencer.
Avant d’accoster, j’ai dû remettre les esclaves sur pied, sinon personne n’aurait voulu les acheter. Pendant quelques jours, je les ai bien nourris, lavés, chouchoutés… Et j’ai mes petits secrets pour cacher leurs défauts physiques ou leurs blessures : je les maquille. Mais, chut !
Pour les marchands, il y a plusieurs types d’esclaves, qui ont plus ou moins de valeur. Chacun a son prix. Ce jeune homme est l’esclave idéal : jeune, solide, en bonne santé, sans défauts physiques. Il sert de référence : il vaut autant que quatre jeunes filles ou six enfants.
Allez, achetez-moi ce lot d’esclaves ! Ils sont robustes, regardez-moi ça ! Et obéissants. C’est une bonne affaire. Je vends au plus offrant.
Aux Antilles, on vend les esclaves en « lots », c’est-à-dire par petits groupes constitués à l’avance par moi !
Souvent, je m’arrange pour mélanger dans le même lot des esclaves en forme et d’autres en moins bon état !
Ça y est, ça recommence ! Comme quand on m’a capturé, voilà qu’on m’examine sous tous les angles. Mais je ne suis pas un animal !
J’achète ! Je paye avec de la monnaie ou avec des produits tropicaux. Aujourd’hui, la vente se passe bien. Mais, parfois, c’est la ruée. Les esclaves sont tous placés dans un enclos et, nous, les acheteurs, nous nous précipitons sur eux. Chacun se sert. On se les arrache. Ho ho, quelle bagarre, mes amis !
Ce gros Blanc barbu m’a acheté ! Il dit que je lui appartiens désormais. Mais… et ma sœur ? Assiba ! Je ne veux pas être séparé de toi ! Pitié, prenez-la aussi !
Pas question ! Les filles ne sont pas bonnes pour le travail aux champs. À présent, tu dois m’obéir, je suis ton maître. Désormais, tu t’appelleras Jean. Et, pour prouver que tu es à moi, je te fais marquer au fer rouge, à mes initiales.